Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/85

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Voyons, voyons, amoureux comme un fou que vous êtes !

Frumence fut sans doute interdit, car il ne répondit pas tout de suite.

— Jurez donc ! s’écria Denise avec une sorte de véhémence qui eût pu réveiller un dormeur moins occupé que Marius.

— Je n’ai rien à jurer, répondit Frumence, je n’ai pas à rendre compte de mes sentiments, quels qu’ils soient ; mais, quand je serais amoureux, ce qui n’aurait rien d’extraordinaire à mon âge, quel rapport trouvez-vous possible entre mon amour et l’amitié que j’ai pour cette petite fille ?

— Petite fille si l’on veut ; la voilà qui grandit. Bonté de Dieu ! comme ça pousse vite, l’herbe du diable !

— Denise, reprit Frumence d’un ton sévère, je sais que vous êtes une personne fantasque ; mais il me semble qu’en ce moment vous perdez tout à fait l’esprit.

— Ne parlez pas de ça ! dit Denise avec agitation, n’en parlez jamais, monsieur Frumence ! On m’a traitée de folle dans le temps, on m’a enfermée, on m’a fait souffrir des martyres, tout ça pour cette maudite enfant qu’on m’avait volée, et qui ne serait jamais revenue sans moi. Oui, c’est le chagrin qui m’avait fait divaguer dans le temps ;