Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/88

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rius n’aura pas peur non plus. N’est-ce pas, Marius ? Dites-nous ce qu’il faut faire, monsieur Frumence.

— Rien. La voilà qui se calme. C’est fini. Allons-nous-en. Je la soutiendrai. Vous, mon cher Marius, aidez bien votre cousine. Le sentier n’est pas facile à descendre.

Marius avait alors quinze ans, et il était un peu plus aguerri qu’au commencement, bien qu’il craignît toujours le soleil et la fatigue. Il continuait à dédaigner Frumence, et il aimait beaucoup Denise ; mais Denise folle lui faisait plus de peur que de pitié, et il doubla le pas pour s’éloigner d’elle sans beaucoup se préoccuper de moi et des recommandations de Frumence. Nous trouvâmes au bas de la montagne le domestique, qui venait nous chercher avec la carriole. Frumence y fit monter Denise, qui paraissait calmée, et il nous proposa de faire à pied le reste du chemin. Je ne demandais pas mieux ; mais Marius n’entendait pas de cette oreille : il sauta sur la banquette auprès du conducteur et m’engagea à l’imiter. J’allais subir, comme de coutume, sa fantaisie, quand je me sentis retenir le bras par Frumence d’une manière particulière.

— Si vous n’êtes pas fatiguée, me dit-il, comme vous avez eu chaud, je préfère que vous rentriez tout doucement à pied.