Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/163

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pour assurer à jamais la tranquillité de Jennie.

— Vous ne reculeriez devant rien ?

— Pourquoi reculer, si un peu de plus ou de moins expose ou préserve celle que je veux sauver à tout prix ? Ne puis-je me consoler de l’humiliation qu’on m’inflige en faisant un bon usage de l’argent qu’on m’offre ? Tenez, je fonderai un hôpital ou une usine pour donner du travail aux pauvres, et dont je ne toucherai jamais les profits ; car, de ma vie, oh ! grand Dieu ! vous n’en doutez pas, j’espère, monsieur Mac-Allan ? je ne veux avoir à moi une obole venant de lady Woodcliffe !

— Il y a une chose plus simple et plus prompte, reprit-il ; acceptez tout, signez, et, le marché bien conclu, ne quittez pas la France ou allez en Angleterre ; à l’instant même, votre pension est supprimée, et vous pourrez dire en souriant à tout le monde que vous l’avez fait à dessein.

— Oui, certes ! m’écriai-je, je ne pensais plus à cela que l’on me chassait de mon pays ! Eh bien, je resterai ; j’irai m’établir aux Pommets, Jennie épousera Frumence et reprendra son commerce ambulant avec lui. Moi, je soignerai le pauvre abbé. Je lui lirai Eschyle et Platon, je le ferai vivre le plus longtemps possible, et je viendrai de temps en temps regarder en cachette cette chère maison et ce jardin, et l’arbre que ma bonne mère ai-