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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/172

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ensemble aussitôt que j’eus fini de dîner, et je m’enfonçai dans les gorges arides qui longent le flanc de la longue montagne du Pharon.

Je ne sais quel terrible combat s’élevait en moi. Je sentais mon cœur partagé et comme en révolte contre lui-même. J’aurais voulu que Mac-Allan fût près de moi, qu’il me parlât enfin clairement de son amour, qu’il me berçât de sa douce éloquence sur ce sujet émouvant et délicat, qu’il m’enivrât de ses riantes flatteries, qu’il réussît à m’inspirer ce sentiment qui enivre, qui persuade, satisfait, et place l’âme au-dessus de tout scrupule craintif et de toute fierté vaine.

— Ce sentiment-là existe, me disais-je ; je l’inspire ; n’est-il pas temps que je l’éprouve ? Si j’aimais Mac-Allan comme il paraît m’aimer, je ne me souviendrais probablement plus que j’ai rêvé un autre amour et que je ne l’ai pas inspiré.

Et, à ce souvenir, j’étais indignée contre moi-même. Comment un souvenir pouvait-il me préoccuper et me torturer à ce point ? J’étais donc coquette, jalouse de tous les hommages, jalouse de Jennie, à qui j’immolais si facilement mon existence entière, et à qui j’enviais la seule chose qui ne m’appartînt pas, la seule chose que je ne pusse lui sacrifier, l’amour de Frumence ?

Je me pris en horreur ; je voulais m’arracher