Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/32

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en me figurant le chagrin que ses parents devaient avoir, j’avais honte de moi, et je demandais à Dieu la force de faire sa volonté. Au bout de huit jours, je partis pour Toulon, où, sans faire semblant de rien, j’appris bien vite qu’on avait perdu une petite fille de dix mois, quatre ans auparavant, et que sa grand’mère la cherchait toujours. Ayant pris des informations sur le pays et sur les voisins de cette dame, j’allai parler au curé des Pommets, qui me reçut bien, et à qui je demandai de me faire causer secrètement avec elle. Elle me donna un rendez-vous le soir dans un endroit secret de son parc, appelé la Salle verte, et, laissant la petite au curé et à son neveu, M. Frumence, je me rendis déguisée en femme provençale, en me cachant la figure sous une cape, auprès de cette dame à qui je racontai toute mon histoire, et qui prit tout de suite tant de confiance en moi, qu’elle voulait me payer avant d’avoir sa petite-fille ; mais je ne voulus pas de payement, comme on peut bien le penser : je n’en avais pas besoin, et on aurait pu croire que j’avais spéculé sur la vérité. J’amenai la petite le lendemain soir avec les mêmes précautions. Madame de Valangis ne pouvait pas la reconnaître ; mais elle avait gardé bonne souvenance des petites marques qu’elle avait à l’oreille et au pied droit, du nombre de ses mar-