Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/31

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de dépister la police. Je lui ai conseillé de vous porter la petite, parce que, si on voulait la rendre avec profit, il fallait pouvoir la livrer en bon état. C’est ce qu’il a fait ; mais je vois qu’il a oublié, en partant pour l’Amérique, de vous dire le fin mot. Je le reconnais bien là. Il vous craignait, ou bien il a pensé à autre chose. Que voulez-vous ! c’est comme ça qu’il est !

» — N’importe son idée, repris-je ; je veux rendre l’enfant. Dites-moi à qui elle appartient.

« — Oh ! ma foi, je n’en sais rien à présent. Je ne me souviens que d’une chose, c’est que l’affaire a été faite aux environs de Toulon-sur-Mer. Allez-y, et vous saurez bien l’histoire dans le pays. C’est des histoires qui n’arrivent pas souvent, et la chose a dû faire du bruit.

« J’aurais voulu en savoir davantage ; mais le contrebandier vit ou crut voir approcher un garde-côte, et il prit le large en me faisant signe de m’éloigner. Je devais rentrer ma petite, qui était fatiguée. Le lendemain et les jours suivants, je cherchai le long des côtes, mais je ne pus retrouver cet homme, et je commençai à penser à ce que je devais faire.

« J’avais tant de chagrin de me séparer d’Yvonne, que je confesse avoir juré plus d’une fois en l’embrassant que je la garderais sans rien dire ; mais,