Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/42

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culte, il change de nom coup sur coup, et on perd bientôt sa trace. Sa veuve laisse des souvenirs plus récents et plus nets. On la voit exercer la profession du colportage avec décence et probité. On l’a connue et on l’estime. On regrette de ne plus la voir aux pardons de Bretagne ou aux foires de Normandie avec son riant étalage de rubans bariolés et de toiles peintes flottant au vent. On se demande ce que, depuis douze ans, elle est devenue ; mais, comme pendant douze ans la population se renouvelle ou se déplace en grande partie, il est d’autres localités où l’on a oublié soit son nom, soit sa figure, soit l’un et l’autre. Personne ne peut dire si elle a eu un ou plusieurs enfants. On ne lui en a pas connu autour d’elle. On pense que son mari l’a souvent ruinée et définitivement abandonnée. Voilà tout ce que j’ai pu recueillir ; car j’ai agi moi-même, et soyez tranquille, madame Jennie : ne voulant pas faire naître de soupçons sur le compte d’une personne que je n’avais pas l’honneur de connaître, j’ai laissé croire que mes informations n’avaient pour but que de vous faire recueillir un petit héritage ; mais je conclus en vous disant : Votre histoire est vraie en ce qui vous concerne, elle est peut-être vraisemblable pour quiconque l’étudierait comme un roman composé avec soin. Elle a en faveur de l’identité de made-