Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/47

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lettres. Enfin on a découvert, il n’y a pas plus de deux ans, qu’Anseaume était mort en prison à Québec sous le nom de Perceville, mais bien connu pour Anseaume par ses créanciers et inscrit comme tel au registre des décès. Je voulais payer ses dettes, on n’a pu retrouver les créanciers : c’étaient des ambulants comme lui. J’ai fait demander s’il n’avait pas laissé des effets, des papiers, une lettre pour moi. Il n’avait rien laissé, et ce qu’il eût laissé d’écrit, m’a-t-on dit, n’aurait pu être que des paroles de fou. — Mais enfin, pourquoi n’irais-je pas m’informer moi-même à présent ? Dans la folie, on parle quelquefois beaucoup et on peut dire la vérité. Je peux retrouver ses camarades de prison, le médecin, l’infirmier, savoir si à sa dernière heure il a eu un remords, un souvenir, une crainte, s’il a parlé d’un enfant…

— Vous avez autant de sagacité que d’imagination, madame Jennie, dit M. Mac-Allan avec douceur ; mais, quand vous feriez ces prodiges de dévouement et de zèle, croyez-vous donc que les vagues propos du délire, recueillis si longtemps après coup, auraient quelque valeur en justice ? Non, voilà des rêves, croyez-moi ! Tout ce que vous nous apprenez rend plus délié encore le fil,… je ne veux pas dire le cheveu, qui rattache mademoiselle Lucienne à la société. Tout ce que vous