Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/56

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— Trop ? Non, reprit Frumence. Le trop d’habileté est la duplicité, et M. Mac-Allan est sincère ; mais il n’est pas forcé de l’être au point de trahir le secret de ses clients. Ayez la même habileté que lui, celle de la franchise ; mettez-le au pied du mur et faites-lui pressentir que vous ne céderez qu’à des motifs dignes de vous.

— Mais pourquoi donc céder ? dis-je à Jennie aussitôt que je me retrouvai en tête-à-tête avec elle. Si je n’ai aucun droit sérieux à faire valoir, je n’ai qu’à subir. Pourquoi me demande-t-on de vendre un nom que l’on dit ne pas m’appartenir ? On ne vend que ce qui est à soi : vendre le bien d’autrui est un vol égal à celui de l’usurper. Est-ce que tu comprends, Jennie ? Moi, je ne comprends rien à ma belle-mère !

— Moi, qui crois fermement que le nom vous appartient, répondit Jennie, je vois bien qu’on n’espère pas vous en dépouiller si aisément. Mais pourquoi on tient tant à vous l’ôter… Peut-être que je m’en doute. Vous ne savez pas l’histoire de votre père ; moi, je la sais, et je devais ne pas vous en faire part. À présent, il faut bien que l’on vous dise tout ; autrement, vous feriez fausse route. Dînons, et je vous conterai ça.