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XLVII


Depuis la mort de ma grand’mère, nous dînions toujours ensemble, Jennie et moi. Je ne la voulais pas souffrir debout derrière ma chaise, et elle avait consenti, non sans peine, à s’asseoir vis-à-vis de moi. Notre ordinaire était si frugal, que nous nous servions nous-mêmes.

— Savez-vous, me dit-elle quand nous fûmes au dessert, pourquoi votre père était marquis, tandis que sa mère n’était pas marquise ?

— Je croyais que ma bonne maman était marquise, et que, par prudence, elle avait laissé oublier son titre sous la Révolution.

— Pourquoi ne l’aurait-elle pas repris ensuite à la Restauration, comme tant d’autres qui avaient gardé l’habitude d’oublier leurs grandeurs sous l’Empire ?

— Je ne sais pas, Jennie. Ma bonne maman n’avait pas d’orgueil, voilà tout.

— Votre bonne maman tenait à sa noblesse. Je ne dis pas que ce fût par orgueil ; mais tous les nobles tiennent à cela, et, comme elle avait juste-