Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/58

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ment un grand respect pour les titres, elle ne voulait pas en prendre un qui ne lui appartenait pas.

— Alors, elle n’était pas marquise ?

— Et votre père n’était pas marquis.

— Ce que tu dis là m’humilie. Pourquoi donc alors usurpait-il ?…

— Mon Dieu ! il était émigré. Il faisait comme tant d’autres qui, n’ayant que leur nom, y ont ajouté un titre à l’étranger, pour faciliter leur établissement. Quand il a épousé votre mère, ce titre lui a servi. Elle n’était pas de grande famille, elle lui a apporté une certaine fortune qu’il a mangée, et il s’est trouvé veuf, pauvre, et toujours soi-disant marquis. Il était très-beau et très-aimable. Il a su plaire à lady Woodcliffe, qui était une riche veuve de grande famille, et dont les parents ont exigé qu’il fît ses preuves. Il ne pouvait pas les faire. Il a écrit à sa mère pour qu’elle obtint que Bellombre, qui est un ancien marquisat éteint, fût de nouveau érigé en marquisat en sa faveur. Il se serait appelé le marquis de Valangis-Bellombre, ou tout simplement le marquis de Bellombre. Il se figurait cela possible ; il avait gardé des idées d’avant la Révolution. Madame n’a pas seulement voulu l’essayer. Elle trouvait ça ridicule, car elle n’avait aucun lien de parenté avec les anciens seigneurs de Bellombre, et tout ce qu’elle