Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/60

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elle se pardonnera à elle-même d’avoir été jusqu’à présent madame de Valangis tout court. Voilà pourquoi elle vous offre beaucoup d’argent pour vous évincer d’ici. Elle s’imagine que, si vous vous mariez avec votre nom de Valangis et votre propriété de Bellombre en dot, le marquisat pourra être obtenu par votre mari. Je ne peux m’expliquer autrement sa conduite.

— Tu as sans doute raison ; mais cette femme n’est-elle pas un peu folle ?

— Eh ! mon Dieu ! est-ce que, pour expliquer la moitié des choses de ce monde, il ne faut pas admettre que c’est la folie qui en est cause ? Voilà pourquoi on doit être raisonnable soi-même et patient avec les esprits malades.

— Oui, ma Jennie, tu dis vrai. Cela me fait penser à te dire que je pardonne à ton mari. Ah ! quand je songe que, sans lui, je ne t’eusse jamais connue, je suis prête à le remercier de tous les embarras qu’il nous cause aujourd’hui.

Jennie m’embrassa.

— Je vous y ai trop laissée, dans ces dangers où vous voilà, me dit-elle. Peut-être que, si j’avais sacrifié mon mari, nous aurions aujourd’hui des preuves.

— Tu as fait ton devoir, et je t’en estime mille fois davantage. Tiens, vois-tu, Jennie, j’ai été bou-