Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/89

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plaignit d’avoir froid, tout en disant qu’il admirait l’art avec lequel nous savions conserver la fraîcheur dans nos maisons.

— Si vous sentez trop de frais, lui dit Frumence, le remède n’est pas loin. Faisons trois pas dehors, vous serez bientôt remis.

Ils sortirent ensemble, et, comme ils causaient avec une certaine animation dans le parterre, Jennie dut leur porter le café sous le pittospore de Chine où une petite table servait quelquefois à nos collations.

— Est-ce que mademoiselle de Valangis ne va pas venir ? lui dit Mac-Allan assez haut pour que, du salon où j’étais restée, je pusse l’entendre.

— Non, répondit Jennie, mademoiselle ne prend pas de café.

— Tant pis ! reprit Mac-Allan.

Et il s’assit avec Frumence, qui n’était pas fâché de le tenir tête à tête.

Je crus devoir les y laisser, et je m’occupai avec Jennie des soins de l’intérieur. Ce n’était plus un plaisir pour nous, car nous ne savions plus si nous ne dirions pas adieu à tout ce qui constituait notre bien-être : mais nous l’entretenions respectueusement, ne voulant pas commencer nous-mêmes par l’abandon, la profanation de tout ce qui avait fait partie de l’existence de ma grand’mère.