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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/93

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— Vous avez été bien malade, et un moment je vous ai crue folle. Il faut qu’il se soit trouvé quelque mauvaise herbe dans notre dîner. Calmez-vous, ce ne sera plus rien à présent, et j’espère que cela ne recommencera pas.

Je me souvins alors que Jennie allait épouser Frumence, et, sans lui dire l’amertume que j’en ressentais, je fondis en larmes.

— Pleurez un peu, me dit-elle, ça vaut mieux que d’étouffer. Quand vous serez tout à fait bien, nous causerons.

J’étais tellement brisée, que je dormis bien, et même je me levai assez tard. Dès que Jennie entra chez moi, je lui demandai des nouvelles de l’abbé.

— L’abbé ne va pas mieux, dit-elle ; au contraire… Le docteur Reppe l’a vu ce matin, bien malgré lui, car il ne veut rien faire et croit qu’il n’a rien ; mais le docteur dit que c’est la goutte dans l’estomac et qu’il n’y a rien de plus sérieux.

— Pauvre abbé Costel ! va-t-il donc s’en aller aussi ? Je perds tous mes soutiens, tous mes amis à la fois !

— Non pas moi, s’il vous plaît ; car, si malheureusement l’abbé doit succomber bientôt, Frumence ira au Canada, et ce n’est pas la peine de se marier pour se quitter si tôt !

— Je ne veux pas que Frumence fasse pour moi