Page:Sand - Constance Verrier.djvu/162

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— J’étais invitée, répondit madame d’Évereux en riant toujours, et nous nous étions dit assez de secrets à Paris pour que je ne me crusse pas de trop dans ceux d’ici. Et puis, j’avais un regret et un remords de ne pas vous embrasser avant votre départ. Mademoiselle Cécile Verrier s’en est aperçue ; elle s’est chargée de tenir compagnie à ma fille, qui, de son côté, m’a juré d’avoir bien soin d’elle. Je venais donc, le cœur léger, vous dire qu’avec ou sans ma fille, je vous aimais toujours… Mais voilà, encore une fois, le sort des élans romanesques ! J’arrive, et c’est pour m’entendre calomnier !…

— Voyons, Sofia, dit Constance, faites comme la duchesse : riez de l’aventure ! vous voyez qu’elle vous pardonne ; elle a trop d’esprit pour ne pas savoir que, dans la jalousie, on ne sait pas ce qu’on dit, et on sacrifie ses meilleures amies au besoin de se plaindre !

— Je pardonne de tout mon cœur, reprit la duchesse en tendant les deux mains à la cantatrice, d’autant plus que je ne suis pas coupable de l’horrible chose dont vous m’accusez. Je ne connais pas votre phénix ; je l’ai aperçu une ou deux fois rôdant autour de vous ; mais, si on m’a dit son nom, je l’ai oublié. Je me suis seulement permis de remarquer qu’il était fort bien.

— Et de le dire de manière à ce qu’il l’entendît ! s’écria la Mozzelli irritée.

— Vraiment ? il l’a entendu ? reprit la duchesse en recommençant à rire ; voyez-vous ça ! Daignez me pardonner, chère amie. Je ne l’ai pas fait exprès, vrai ! C’est