Page:Sand - Constance Verrier.djvu/203

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Il n’y avait pas une larme dans les yeux secs de la vieille fille, et sa taille maigre ne pliait pas d’une ligne sous le poids de la douleur ou de la fatigue ; mais, dans la rigidité de sa figure et de son attitude, on sentait comme une certitude absolue de ne pas survivre à Constance.

La Mozzelli était admirable de courage et d’activité ; elle s’oubliait pour les autres, elle était le dévouement que rien n’abat et ne rebute.

Vers minuit, Raoul se trouva seul avec elle et mademoiselle Verrier auprès de la malade. Sofia ne lui adressait pas un mot. Elle ne le connaissait pas, elle ne l’aimait plus. Toute son âme appartenait à Constance. Elle eût donné sa vie pour elle, et plus que sa vie : sa gloire et son art. Si elle eût pu penser à Raoul, elle l’eût détesté.

Raoul sentait bien l’horreur de sa situation. Il la subissait courageusement. Il méritait une pire expiation, et il l’attendait avec toute l’énergie qu’il tenait de la nature et de la réflexion. Mais si Constance eût pu lire dans son cœur, elle eût vu que ce sont les plus solides et les plus résistants qui souffrent le plus, et elle eût été effrayée de se voir si bien vengée.

À minuit, la duchesse, qui avait sommeillé deux ou trois heures auprès de sa fille, revint au salon et supplia Cécile Verrier d’aller prendre aussi quelques instants de repos. La Mozzelli se mit aux genoux de Cécile, en lui jurant que ni elle ni madame d’Évereux ne quitteraient Constance d’une seconde. Mais la vieille fille fut inflexible.