Page:Sand - Constance Verrier.djvu/204

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— Allez vous reposer vous-mêmes, leur dit-elle ; j’ai veillé mon frère pendant douze nuits ; je veillerai ma nièce davantage, s’il le faut !

Constance ne dormait pas. Ses yeux, étrangement fixes, ne s’étaient pas fermés un instant depuis vingt-quatre heures. Quel désastre couvait donc dans sa tête vide et brisée ? La folie ou la mort ? Elle ne paraissait pas savoir qu’elle fût la personne que l’on soignait et dont on épiait le moindre souffle. Quelquefois elle se regardait elle-même, étendue et inerte ; on eût dit qu’elle ne se reconnaissait pas.

Enfin, ses nerfs parurent se détendre, et l’on vit une grosse larme tomber lentement sur sa joue. La tante essuya doucement cette larme, en lui disant avec sa brièveté accoutumée : — Souffres-tu ? Constance fit signe que non et s’assoupit.

Cécile continua de veiller. La duchesse prit un livre. La Mozzelli, résolue à garder ses forces pour le moment où faibliraient celles des autres, se renversa sur le divan et dormit. Raoul, en proie à une fièvre ardente, sortit pour respirer l’air froid de la nuit.

Au bout d’une heure, durant laquelle il alla cent fois écouter le silence qui régnait dans le salon, il vit madame d’Évereux en sortir, et il s’approcha d’elle pour l’interroger.

— Je vous cherchais, lui dit-elle. La pauvre Constance a dormi et paraît aller mieux. Elle a fait signe à sa tante, en me montrant, qu’elle voulait être seule avec elle. Moi, je la crois perdue quand même ; et vous ?