d’une telle fiancée eût à coup sûr compromis gravement dans la pensée de leur entourage ?
Il y avait de cela sans doute, Raoul ne se trompait pas ; mais il y avait eu autre chose de plus déterminant pour Constance ; elle l’aimait, et Raoul le sentait bien : mais de quel amour pénible et navré ! Elle avait voulu le rendre heureux, sans tenir compte d’elle-même, et la force physique ne secondait plus la force morale. Elle retombait dans les bras de la mort au moment de vouloir donner la vie à son amour.
Dès que le jour parut, Raoul courut chez le médecin. C’était un homme grave et religieux, l’ami de la famille. Il lui confia tout.
— Alors, je m’étais bien trompé, dit le vieillard : j’ai eu tort de hâter ce mariage. La cause du trouble physique est toute morale. C’est un combat intérieur d’une terrible énergie, et la pauvre nature humaine y succombe. Il faudrait être son frère pendant plus ou moins longtemps ; mais vous n’aurez pas ce courage.
— Je l’aurai, répondit Raoul ; et il retourna auprès de sa femme, qu’il trouva endormie et paisible.
— Laissez-moi seul avec elle, dit-il à la tante, qui avait dormi sur le sofa ; allez vous reposer.
— Non, répondit Cécile, non, je ne la laisserai pas seule avec toi ! Tue-moi, si tu veux, je ne sors pas d’ici.
— Eh bien ! restez, reprit Raoul. Quand elle s’éveillera, je lui parlerai devant vous : cela vaudra mieux.
— Parle-moi tout de suite, dit Constance, qui avait