Page:Sand - Constance Verrier.djvu/251

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Des droits ! peut-on, hélas ! donner le nom de droit à la liberté que l’on a de s’avilir ! Je me suis purement et simplement dégradé à tes yeux et aux miens propres ! Je te l’ai dit en me confessant, Constance, et tu m’as admis à réparer, car tu ne nies pas la réhabilitation, toi, esprit religieux et sûr ! mais je vois bien que si ta raison a admis cette possibilité, ton instinct l’a repoussée. L’amour, nous étions bien d’accord là-dessus, c’est l’idéal de l’égalité, puisque c’est le suprême effort vers l’assimilation des âmes, et quand cette égalité se dérange, la joie des âmes est troublée, l’enthousiasme chancelle ; quelque chose qui alimentait le feu sacré manque tout à coup, et la flamme pâlit de part ou d’autre. Voilà ce qui est arrivé ; je ne suis plus ton égal : formidable leçon pour l’homme qui voudrait s’attribuer les droits de l’impunité ! La plupart du temps, le mariage est l’union d’une fille pure avec un homme cent fois souillé par la débauche ; et, ici, où l’homme est un des plus rigides qui puissent se présenter à toi parmi ceux de son temps et de son âge, il y a encore une si grosse tache qu’il se trouve descendu d’un degré et qu’il n’est plus l’égal de sa compagne !

— Ne dis pas cela ! s’écria Constance. Je ne veux pas que tu le dises !

— Je veux le dire, reprit Raoul avec force. Je dois constater ce qui est et ce qu’aucun préjugé masculin ne pourrait empêcher d’être. Ta générosité n’y peut rien non plus. Quelque effort que tu t’imposes pour ne pas te croire au-dessus de moi, tu as pris cette