Page:Sand - Constance Verrier.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

deur et la droiture, — vous ne pouvez pas nier cela, — que je vous respecterai, même dans ma pensée, et que vous dormirez réellement désormais sous mon toit comme sous celui d’un père.

« Ne croyez pas, ajouta-t-il, que celui de mes deux amours pour vous que vous maudissez et que vous méprisez, soit le principal à mes propres yeux. Non ! C’est l’amour paternel qui est le plus fort ; c’est lui qui est le but de mon dévouement, et la joie, la gloire de mon avenir. Vous deviendrez une grande artiste si vous restez près de moi ; c’est là mon rêve et mon ambition. L’autre amour… oubliez-le, soyez censée ignorer qu’il a existé. Tenez, il n’existe plus ; votre malédiction l’a fait disparaître ; j’en rougis, si vous exigez que j’en rougisse. Continuez à être ma fille, ma création, mon enfant, mon idéal, comme vous l’étiez dans votre conscience et dans vos chastes épanchements. Ne m’ôtez pas le seul bonheur qui me reste. J’ai une femme infirme et dévote, des enfants ambitieux et positifs. Je ne suis pas aimé dans ma maison. On m’accorde une certaine supériorité d’intelligence, mais on me reproche de n’avoir pas l’instruction lucrative et d’aimer mes rêves plus que la fortune. Soyez à vous seule toute ma famille. Ne me laissez pas désespéré, abandonné dans la vie. Songez que les années d’un vieillard sont comptées, et que c’est presque un crime de le délaisser et de marcher sur son dernier espoir. »

« Tout cela était mieux dit que je ne vous le rap-