Page:Sand - Constance Verrier.djvu/87

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qu’il avait voulu réparer son crime autant que possible, et que je pouvais désormais pardonner à sa mémoire.

« J’allai donc chanter à Naples, et, depuis cette époque, j’ai vécu autrement. J’ai cherché, non plus le plaisir, ni la lutte, ni le mariage d’ambition, ni la vengeance, ni la fantaisie, ni le suicide de l’âme : j’ai cherché la gloire au théâtre et l’amour vrai dans la vie. J’ai trouvé la gloire, non pas telle que je l’avais rêvée, mais assez douce encore, en dépit de beaucoup de déceptions. Quant à l’amour… »

— Eh bien ? dit la duchesse.

— Je ne l’ai pas trouvé, répondit Sofia, et, cette fois, ce n’est pas ma faute, car je l’ai sincèrement demandé à Dieu, et j’ai beaucoup fait pour le mériter. Mais il n’habite pas ce monde ; c’est une aspiration de nos rêves, c’est une intuition providentielle que nous avons de quelque monde meilleur. Le cœur d’aucun homme n’en possède la puissance et n’en recèle le bienfait. Les femmes y croient encore et le poursuivent, même après avoir perdu l’espoir de le rencontrer. Les hommes ne se donnent plus cette peine-là, car ils n’y croient plus, et le trouveraient sans savoir en profiter.

— Prenez garde, dit mademoiselle Verrier après un moment de silence, que ce ne soit là un blasphème !

— Ou tout au moins une hérésie, ajouta la duchesse. Je vous dirai mon sentiment tout à l’heure ; mais votre histoire n’est pas finie ?