Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 1.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
286
consuelo.

pour accomplir des miracles, j’en conviens ; mais je ferai remarquer à tous deux qu’il serait plus poli pour moi, et plus convenable en général, de s’exprimer dans une langue que je puisse comprendre. »

Albert ne parut pas avoir entendu un mot de ce que disait sa fiancée. Il restait à genoux, regardant Consuelo avec une surprise et un ravissement indicibles, lui répétant toujours d’une voix attendrie : — Consuelo, Consuelo !

« Mais comment donc vous appelle-t-il ? dit Amélie avec un peu d’emportement à sa compagne.

— Il me demande un air espagnol que je ne connais pas, répondit Consuelo fort troublée ; mais je crois que nous ferons bien d’en rester là, car la musique paraît l’émouvoir beaucoup aujourd’hui. »

Et elle se leva pour sortir.

« Consuelo, répéta Albert en espagnol, si tu te retires de moi, c’en est fait de ma vie, et je ne veux plus revenir sur la terre ! »

En parlant ainsi, il tomba évanoui à ses pieds ; et les deux jeunes filles, effrayées, appelèrent les valets pour l’emporter et le secourir.

XXXII.

Le comte Albert fut déposé doucement sur son lit ; et tandis que les deux domestiques qui l’y avaient transporté cherchaient, l’un le chapelain, qui était une manière de médecin pour la famille, l’autre le comte Christian, qui avait donné l’ordre qu’on vînt toujours l’avertir à la moindre indisposition qu’éprouverait son fils, les deux jeunes filles, Amélie et Consuelo, s’étaient mises à la recherche de la chanoinesse. Mais avant qu’une seule