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consuelo.

peu de courage. Vous me reprochez de vouloir vous leurrer par l’idée d’un miracle, et cependant vous m’en demandez un plus grand encore. Dieu, qui voit tout, et qui apprécie nos mérites, peut tout pardonner. Mais une créature faible et bornée, comme moi surtout, peut-elle comprendre et accepter, par le seul effort de sa pensée et de son dévouement, un amour aussi étrange que le vôtre ? Il me semble que c’est à vous de m’inspirer cette affection exclusive que vous demandez, et qu’il ne dépend pas de moi de vous donner, surtout lorsque je vous connais encore si peu. Puisque nous parlons ici cette langue mystique de la dévotion qui m’a été un peu enseignée dans mon enfance, je vous dirai qu’il faut être en état de grâce pour être relevé de ses fautes. Eh bien, l’espèce d’absolution que vous demandez à mon amour, la méritez-vous ? Vous réclamez le sentiment le plus pur, le plus tendre, le plus doux ; et il me semble que votre âme n’est disposée ni à la douceur, ni à la tendresse. Vous y nourrissez les plus sombres pensées, et comme d’éternels ressentiments.

— Que voulez-vous dire, Consuelo ? Je ne vous entends pas.

— Je veux dire que vous êtes toujours en proie à des rêves funestes, à des idées de meurtre, à des visions sanguinaires. Vous pleurez sur des crimes que vous croyez avoir commis il y a plusieurs siècles, et dont vous chérissez en même temps le souvenir ; car vous les appelez glorieux et sublimes, vous les attribuez à la volonté du ciel, à la juste colère de Dieu. Enfin, vous êtes effrayé et orgueilleux à la fois de jouer dans votre imagination le rôle d’une espèce d’ange exterminateur. En supposant que vous ayez été vraiment, dans le passé, un homme de vengeance et de destruction, on dirait que vous avez gardé l’instinct, la tentation, et presque le