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consuelo.

passionnée, tout ce qu’elle avait entendu maintes fois à Venise dans les derniers temps de leur malheureuse union. Elle fut blessée de voir qu’il avait répété les mêmes serments et les mêmes prières, comme s’il ne se fût rien passé depuis ces querelles où elle était si loin encore de pressentir l’odieuse conduite d’Anzoleto. Indignée de tant d’audace, et de si beaux discours là où il n’eût fallu que le silence de la honte et les larmes du repentir, elle coupa court à la déclamation en se levant et en répondant avec froideur :

« C’est assez, Anzoleto ; je vous ai pardonné depuis longtemps, et je ne vous en veux plus. L’indignation a fait place à la pitié, et l’oubli de vos torts est venu avec l’oubli de mes souffrances. Nous n’avons plus rien à nous dire. Je vous remercie du bon mouvement qui vous a fait interrompre votre voyage pour vous réconcilier avec moi. Votre pardon vous était accordé d’avance, vous le voyez. Adieu donc, et reprenez votre chemin.

— Moi, partir ! te quitter, te perdre encore ! s’écria Anzoleto véritablement effrayé. Non, j’aime mieux que tu m’ordonnes tout de suite de me tuer. Non, jamais je ne me résoudrai à vivre sans toi. Je ne le peux pas, Consuelo. Je l’ai essayé, et je sais que c’est inutile. Là où tu n’es pas, il n’y a rien pour moi. Ma détestable ambition, ma misérable vanité, auxquelles j’ai voulu en vain sacrifier mon amour, font mon supplice, et ne me donnent pas un instant de plaisir. Ton image me suit partout ; le souvenir de notre bonheur si pur, si chaste, si délicieux (et où pourrais-tu en retrouver un semblable toi-même ? ) est toujours devant mes yeux ; toutes les chimères dont je veux m’entourer me causent le plus profond dégoût. Ô Consuelo ! souviens-toi de nos belles nuits de Venise, de notre bateau, de nos étoiles, de nos chants interminables, de tes bonnes leçons et de nos longs baisers ! Et