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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 2.djvu/280

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consuelo.

senti pourvu de ce qu’il fallait pour la mettre à exécution. Nous sommes absolument de la même taille, ce qui fait plus d’honneur à vous qu’à moi ; et j’ai dans mon sac un habillement complet, absolument neuf, qui vous déguisera parfaitement. Voici l’histoire de cet habillement : c’est un envoi de ma brave femme de mère, qui, croyant me faire un cadeau très-utile, et voulant me savoir équipé convenablement pour me présenter à l’ambassade, et donner des leçons aux demoiselles, s’est avisée de me faire faire dans son village un costume des plus élégants, à la mode de chez nous. Certes, le costume est pittoresque, et les étoffes bien choisies ; vous allez voir ! Mais imaginez-vous l’effet que j’aurais produit à l’ambassade, et le fou rire qui se serait emparé de la nièce de M. de Métastasio, si je m’étais montré avec cette rustique casaque et ce large pantalon bouffant ! J’ai remercié ma pauvre mère de ses bonnes intentions, et je me suis promis de vendre le costume à quelque paysan au dépourvu, ou à quelque comédien en voyage. Voilà pourquoi je l’ai emporté avec moi ; mais par bonheur je n’ai pu trouver l’occasion de m’en défaire. Les gens de ce pays-ci prétendent que la mode de cet habit est antique, et ils demandent si cela est polonais ou turc.

— Eh bien, l’occasion est trouvée, s’écria Consuelo en riant ; votre idée était excellente, et la comédienne en voyage s’accommode de votre habit à la turque, qui ressemble assez à un jupon. Je vous achète ceci à crédit toutefois, ou pour mieux dire à condition que vous allez être le caissier de notre chatouille, comme dit le roi de Prusse de son trésor, et que vous m’avancerez la dépense de mon voyage jusqu’à Vienne.

— Nous verrons cela, dit Joseph en mettant la bourse dans sa poche, et en se promettant bien de ne pas se laisser payer. Maintenant reste à savoir si l’habit vous