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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 2.djvu/281

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consuelo.

est commode. Je vais m’enfoncer dans ce bois, tandis que vous entrerez dans ces rochers. Ils vous offriront plus d’un cabinet de toilette sûr et spacieux.

— Allez, et paraissez sur la scène, répondit Consuelo en lui montrant la forêt : moi, je rentre dans la coulisse.

Et, se retirant dans les rochers, tandis que son respectueux compagnon s’éloignait consciencieusement, elle procéda sur-le-champ à sa transformation. La fontaine lui servit de miroir lorsqu’elle sortit de sa retraite, et ce ne fut pas sans un certain plaisir qu’elle y vit apparaître le plus joli petit paysan que la race slave eût jamais produit. Sa taille fine et souple comme un jonc jouait dans une large ceinture de laine rouge ; et sa jambe, déliée comme celle d’une biche, sortait modestement un peu au-dessus de la cheville des larges plis du pantalon. Ses cheveux noirs, qu’elle avait persévéré à ne pas poudrer, avaient été coupés dans sa maladie, et bouclaient naturellement autour de son visage. Elle y passa ses doigts pour leur donner tout à fait la négligence rustique qui convient à un jeune pâtre ; et, portant son costume avec l’aisance du théâtre, sachant même, grâce à son talent mimique, donner tout à coup une expression de simplicité sauvage à sa physionomie, elle se trouva si bien déguisée que le courage et la sécurité lui vinrent en un instant. Ainsi qu’il arrive aux acteurs dès qu’ils ont revêtu leur costume, elle se sentit dans son rôle, et s’identifia même avec le personnage qu’elle allait jouer, au point d’éprouver en elle-même comme l’insouciance, le plaisir d’un vagabondage innocent, la gaieté, la vigueur et la légèreté de corps d’un garçon faisant l’école buissonnière.

Elle eut à siffler trois fois avant que Haydn, qui s’était éloigné dans le bois plus qu’il n’était nécessaire,