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consuelo.

Renoncez dans votre âme, et renoncez-y fermement une fois pour toutes, à vouloir vous connaître au delà de cette existence passagère qui vous est imposée ; et vous redeviendrez agréable à Dieu, utile aux autres hommes, tranquille avec vous-même. Abaissez votre science superbe ; et sans perdre la foi à votre immortalité, sans douter de la bonté divine, qui pardonne au passé et protège l’avenir, attachez-vous à rendre féconde et humaine cette vie présente que vous méprisez, lorsque vous devriez la respecter et vous y donner tout entier, avec votre force, votre abnégation et votre charité. Maintenant, Albert, regardez-moi, et que vos yeux soient dessillés. Je ne suis plus ni votre sœur, ni votre mère ; je suis une amie que le ciel vous a envoyée, et qu’il a conduite ici par des voies miraculeuses pour vous arracher à l’orgueil et à la démence. Regardez-moi, et dites-moi, dans votre âme et conscience, qui je suis et comment je m’appelle. »

Albert, tremblant et éperdu, leva la tête, et la regarda encore, mais avec moins d’égarement et de terreur que les premières fois.

« Vous me faites franchir des abîmes, lui dit-il ; vous confondez par des paroles profondes ma raison, que je croyais supérieure (pour mon malheur) à celle des autres hommes, et vous m’ordonnez de connaître et de comprendre le temps présent et les choses humaines. Je ne le puis. Pour perdre la mémoire de certaines phases de ma vie, il faut que je subisse des crises terribles ; et, pour retrouver le sentiment d’une phase nouvelle, il faut que je me transforme par des efforts qui me conduisent à l’agonie. Si vous m’ordonnez, au nom d’une puissance que je sens supérieure à la mienne, d’assimiler ma pensée à la vôtre, il faut que j’obéisse ; mais je connais ces luttes épouvantables, et je sais que la mort est au bout. Ayez pitié de moi, vous qui agissez sur moi par un