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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 2.djvu/42

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consuelo.

tions et avec de nouveaux devoirs. Ces devoirs, vous ne les connaissez pas, Albert, ou vous les méprisez. Vous remontez le cours des âges avec un orgueil impie ; vous aspirez à pénétrer les secrets de la destinée ; vous croyez vous égaler à Dieu en embrassant d’un coup d’œil et le présent et le passé. Moi, je vous le dis ; et c’est la vérité, c’est la foi qui m’inspirent : cette pensée rétrograde est un crime et une témérité. Cette mémoire surnaturelle que vous vous attribuez est une illusion. Vous avez pris quelques lueurs vagues et fugitives pour la certitude, et votre imagination vous a trompé. Votre orgueil a bâti un édifice de chimères, lorsque vous vous êtes attribué les plus grands rôles dans l’histoire de vos ancêtres. Prenez garde de n’être point ce que vous croyez. Craignez que, pour vous punir, la science éternelle ne vous ouvre les yeux un instant, et ne vous fasse voir dans votre vie antérieure des fautes moins illustres et des sujets de remords moins glorieux que ceux dont vous osez vous vanter. »

Albert écouta ce discours avec un recueillement craintif, le visage dans ses mains, et les genoux enfoncés dans la terre.

« Parlez ! parlez ! voix du ciel que j’entends et que je ne reconnais plus ! murmura-t-il en accents étouffés. Si vous êtes l’ange de la montagne, si vous êtes, comme je le crois, la figure céleste qui m’est apparue si souvent sur la pierre d’Épouvante, parlez ; commandez à ma volonté, à ma conscience, à mon imagination. Vous savez bien que je cherche la lumière avec angoisse, et que si je m’égare dans les ténèbres, c’est à force de vouloir les dissiper pour vous atteindre.

— Un peu d’humilité, de confiance et de soumission aux arrêts éternels de la science incompréhensible aux hommes, voilà le chemin de la vérité pour vous, Albert.