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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 2.djvu/83

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consuelo.

pour aller s’informer de l’état de Consuelo, qui l’alarmait d’autant plus qu’on faisait plus d’efforts pour le lui cacher.

Il passa plus de deux heures à errer dans les corridors du château, guettant la chanoinesse et le chapelain au passage pour leur demander des nouvelles. Le chapelain s’obstinait à lui répondre avec concision et réserve ; la chanoinesse se composait un visage riant dès qu’elle l’apercevait, et affectait de lui parler d’autre chose, pour le tromper par une apparence de sécurité. Mais Albert voyait bien qu’elle commençait à se tourmenter sérieusement, qu’elle faisait des voyages toujours plus fréquents à la chambre de Consuelo ; et il remarquait qu’on ne craignait pas d’ouvrir et de fermer à chaque instant les portes, comme si ce sommeil prétendu paisible et nécessaire, n’eût pu être troublé par le bruit et l’agitation. Il s’enhardit jusqu’à approcher de cette chambre où il eût donné sa vie pour pénétrer un seul instant. Elle était précédée d’une première pièce, et séparée du corridor par deux portes épaisses qui ne laissaient de passage ni à l’œil ni à l’oreille. La chanoinesse, remarquant cette tentative, avait tout fermé et verrouillé, et ne se rendait plus auprès de la malade qu’en passant par la chambre d’Amélie qui y était contiguë, et où Albert n’eût été chercher des renseignements qu’avec une mortelle répugnance. Enfin, le voyant exaspéré, et craignant le retour de son mal, elle prit sur elle de mentir ; et, tout en demandant pardon à Dieu dans son cœur, elle lui annonça que la malade allait beaucoup mieux, et qu’elle se promettait de descendre pour dîner avec la famille.

Albert ne se méfia pas des paroles de sa tante, dont les lèvres pures n’avaient jamais offensé la vérité ouvertement comme elles venaient de le faire ; et il alla retrou-