Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 3.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
consuelo.

tulaire, tout en jouissant pleinement des avantages, revenus et privilèges de son canonicat. Il est vrai que le digne chanoine avait rendu de bien grands services au chapitre dès ses jeunes années. Il s’était fait déclarer absent, ce qui, aux termes du droit canonique, signifie une permission de résider loin du chapitre, en vertu de divers prétextes plus ou moins spécieux, sans perdre les fruits du bénéfice attaché à l’exercice effectif. Le cas de peste dans une résidence est un cas d’absence admissible. Il y a aussi des raisons de santé délicate ou délabrée qui motivent l’absence. Mais le plus honorable et le plus assuré des droits d’absence était celui qui avait pour motif le cas d’études. On entreprenait et on annonçait un gros ouvrage sur les cas de conscience, sur les Pères de l’Église, sur les sacrements, ou, mieux encore, sur la constitution du chapitre auquel on appartenait, sur les principes de sa fondation, sur les avantages honorifiques et manuels qui s’y rattachaient, sur les prétentions qu’on pouvait faire valoir à l’encontre d’autres chapitres, sur un procès qu’on avait ou qu’on voulait avoir contre une communauté rivale à propos d’une terre, d’un droit de patronage, ou d’une maison bénéficiale ; et ces sortes de subtilités chicanières et financières, étant beaucoup plus intéressantes pour les corps ecclésiastiques que les commentaires sur la doctrine et les éclaircissements sur le dogme, pour peu qu’un membre distingué du chapitre proposât de faire des recherches, de compulser des parchemins, de griffonner des mémoires de procédure, des réclamations, voire des libelles contre de riches adversaires, on lui accordait le lucratif et agréable droit de rentrer dans la vie privée et de manger son revenu soit en voyages, soit dans sa maison bénéficiale, au coin de son feu. Ainsi faisait notre chanoine.