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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 3.djvu/55

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consuelo.

drant de Saint-Étienne, celui devant lequel ils avaient chanté la messe le matin même.

LXXVII.

M. le chanoine était l’homme le plus commodément établi qu’il y eût au monde. Dès l’âge de sept ans, grâce aux protections royales qui ne lui avaient pas manqué, il avait été déclaré en âge de raison, conformément aux canons de l’Église, lesquels admettaient que si l’on n’a pas beaucoup de raison à cet âge, on est du moins capable d’en avoir virtuellement assez pour recueillir et consommer les fruits d’un bénéfice. En conséquence de cette décision le jeune tonsuré avait été investi du canonicat, bien qu’il fût bâtard d’un roi ; toujours en vertu des canons de l’Église, qui acceptaient par présomption la légitimité d’un enfant présenté aux bénéfices et patronné par des souverains, bien que d’autre part les mêmes arrêts canoniques exigeassent que tout prétendant aux biens ecclésiastiques fût issu de bon et légitime mariage, à défaut de quoi on pouvait le déclarer incapable, voire indigne et infâme au besoin. Mais il est avec le ciel tant d’accommodements, que, dans de certaines circonstances, le droit canonique établissait qu’un enfant trouvé peut être regardé comme légitime, par la raison, d’ailleurs fort chrétienne, que dans les cas de parenté mystérieuse on doit supposer le bien plutôt que le mal. Le petit chanoine était donc entré en possession d’une superbe prébende, à titre de chanoine majeur ; et arrivé vers sa cinquantième année, à une quarantaine d’années de services prétendus effectifs dans le chapitre, il était désormais reconnu chanoine jubilaire, c’est-à-dire chanoine en retraite, libre de résider où bon lui semblait, et de ne plus remplir aucune fonction capi-