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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 3.djvu/60

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consuelo.

évêques, des princes et des chanoinesses à seize quartiers ! Tout cela ne vaut pas pour moi un couplet de chanson bien dit. »

Consuelo écoutait avec étonnement ce personnage d’une apparence si noble se disputer avec sa bonne avec une sorte de plaisir enfantin ; et, pendant tout le souper, elle s’émerveilla de la puérilité de ses préoccupations. À propos de tout, il disait une foule de riens pour passer le temps et pour se tenir en belle humeur. Il interpellait ses domestiques à chaque instant, tantôt discutant sérieusement la sauce d’un poisson, tantôt s’inquiétant de la confection d’un meuble, donnant des ordres contradictoires, interrogeant son monde sur les détails les plus oiseux de son ménage, réfléchissant sur ces misères avec une solennité digne de sujets sérieux, écoutant l’un, reprenant l’autre, tenant tête à dame Brigide qui le contredisait sur toutes choses, et ne manquant jamais de mettre quelque mot plaisant dans ses questions et dans ses réponses. On eût dit que, réduit par l’isolement et la nonchalance de sa vie à la société de ses domestiques, il cherchait à tenir son esprit en haleine, et à faciliter l’œuvre de sa digestion par un exercice hygiénique de la pensée point trop grave et point trop léger.

Le souper fut exquis et d’une abondance inouïe. À l’entremets, le cuisinier fut appelé devant M. le chanoine, et affectueusement loué par lui pour la confection de certains plats, doucement réprimandé et doctement enseigné à propos de certains autres qui n’avaient pas atteint le dernier degré de perfection. Les deux voyageurs tombaient des nues, et se regardaient l’un l’autre, croyant faire un rêve facétieux, tant ces raffinements leur semblaient incompréhensibles.

« Allons ! allons ! ce n’est pas mal, dit le bon chanoine en congédiant l’artiste culinaire ; je ferai quelque chose