Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/173

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avant lui, et, sans respect pour la pomme d’argent, je la jetai dans le ravin.


Heureusement pour moi, maître Jean ne s’en aperçut pas. Ses idées se succédèrent trop rapidement.

— Ah ! Bibi ne veut pas ! disait-il, et Bibi ne peut pas ! Bibi n’est pas une chèvre ! Eh bien, moi, je suis une gazelle !


Et, en parlant ainsi, il se prit à courir devant lui, se dirigeant vers le précipice.


Malgré l’aversion qu’il m’inspirait dans ses accès de colère, je fus épouvanté et m’élançai sur ses traces. Mais, au bout d’un instant, je me tranquillisai. Il n’y avait point là de gazelle. Rien ne ressemblait moins à ce gracieux quadrupède que le professeur à ailes de pigeon dont la queue, ficelée d’un ruban noir, sautait d’une épaule à l’autre avec une rapidité convulsive lorsqu’il était ému. Son habit à longues basques, ses culottes de nankin et ses bottes molles le faisaient plutôt ressembler à un oiseau de nuit.


Je le vis bientôt s’agiter au-dessus de moi ; il avait quitté le sentier à pic, il lui restait assez