facilité si elles reposent sur une base friable qui vienne à leur manquer.
Les flancs de la roche Sanadoire étaient revêtus de gazon et de plantes qu’il n’était pas prudent d’ébranler. Mais ce danger réel ne me préoccupait nullement, j’étais tout entier au péril imaginaire d’éveiller et d’irriter le titan. Je refusai net d’obéir. Le maître s’emporta, et, me prenant au collet avec une force vraiment surhumaine, il me plaça devant une pierre naturellement taillée en tablette qu’il lui plaisait d’appeler le clavier de l’orgue.
— Joue mon Introït, me cria-t-il aux oreilles, joue-le, tu le sais ! Moi, je vais souffler, puisque tu n’en as pas le courage !
Et il s’élança, gravit la base herbue de la roche et se hissa jusqu’à l’arbrisseau qu’il se mit à balancer de haut en bas comme si c’eût été le manche d’un soufflet, en me criant :
— Allons, commence, et ne nous trompons pas ! Allegro, mille tonnerres ! allegro risoluto !
— Et toi, orgue, chante ! chante, orgue ! chante urgue !…