Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/177

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Mais l’hallucination est contagieuse et celle du professeur me gagna d’autant mieux que j’avais peur de voir ce qu’il voyait.

— Oui, oui, lui dis-je, au bout d’un instant d’angoisse inexprimable, je le vois, il ne bouge pas, il dort ! Allons-nous-en ! Attendez ! Non, non, ne bougeons pas et taisons-nous, je le vois à présent qui remue !

— Mais je veux qu’il me voie ! Je veux surtout qu’il m’entende ! s’écria le professeur en se levant avec enthousiasme. Il a beau être là, perché sur son orgue, je prétends lui enseigner la musique, à ce barbare ! — Oui, attends, brute ! Je vais te régaler d’un Introït de ma façon. — À moi petit ! où es-tu ? vite au soufflet ! Dépêche !

— Le soufflet ? Quel soufflet ? Je ne vois pas…

— Tu ne vois rien ! là, là, te dis-je !

Et il me montrait une grosse tige d’arbrisseau qui sortait de la roche un peu au-dessous des tuyaux, c’est-à-dire des prismes du basalte. On sait que ces colonnettes de pierre sont souvent fendues et comme craquelées de distance en distance, et qu’elles se détachent avec une grande