Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/264

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J’avais reçu de sa petite patte maigre le mollusque nacré sans me douter de son poids. Il était tel, que, ne m’attendant à rien, je le laissai tomber sur mon pied, ce qui, ajouté à l’ennui que me causait la nomenclature pédantesque du gnome, me mit, je l’avoue, dans une véritable colère ; et, comme il riait méchamment, sans paraître offensé le moins du monde d’être traité d’huître, je voulus lui jeter quelque chose à la tête. Je ne suis pas cruel, même dans la colère, je l’aurais tué avec l’huître pied de lion ; je me contentai de lui lancer dans la figure une poignée de menue mitraille que je trouvai sous ma main et qui ne lui fit pas grand mal.

Mais alors il entra en fureur, et, reculant d’un pas, il saisit un gros marteau d’acier qu’il brandit d’une main convulsive.

— Vous n’êtes pas une huître, vous ! s’écria-t-il d’une voix glapissante comme la vague qui se brise sur les galets. Non ! vous n’êtes pas à la hauteur de ce doux mollusque, ostrea ædulis des temps modernes, qui ne fait de mal à personne et dont vous n’appréciez le mérite