Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/105

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bijoux qu’elle eût dû vendre pour hâter la libération des dettes de la communauté. On trouva qu’elle en prenait trop à son aise, qu’elle avait avec Diane un ton de légèreté qui ne convenait point et on lui fit sentir qu’elle n’était plus agréable à personne. Elle en prit du dépit, s’exila de l’atelier, et chercha à renouer des relations au dehors. Ce fut inutile, c’était un astre éclipsé ; sa beauté s’en allait avec ses triomphes. Les idées devenaient plus sévères. Elle fut reçue froidement et peu des visites qu’elle hasarda lui furent rendues.

Alors elle se fit hypocrite pour se réhabiliter, et, quittant ses habits roses comme la veuve de Malbrough, elle prit la tenue et les allures d’une dévote fervente. Comme elle n’était pas sincère, elle devint pire en jouant ce rôle ; elle n’avait été qu’égoïste et légère, elle devint envieuse et méchante. Elle disait du mal de tout le monde, calomniait au besoin, dénigrait toutes choses et troublait la famille par ses récriminations, ses plaintes, ses susceptibilités et l’aigreur de son caractère.

Diane la supportait avec une douceur inaltérable et, voyant que son père avait un reste d’attachement pour cette femme frivole, elle faisait le possible et l’impossible pour la rattacher à la vie de ménage. Il y avait une seule chose à laquelle elle savait résister, c’est au désir effréné qu’éprouvait Laure de remettre la maison sur son ancien pied. Comptant sur l’argent que gagnait de nouveau son mari, elle voulait qu’on renvoyât les locataires et qu’on reçût du monde comme autrefois. Diane tint bon et dès lors