des années de mélancolie ou de préoccupation qui avaient éloigné de lui ; l’autre, silencieuse et modeste, ne se doutant pas de sa beauté et se tenant de manière à ne pas faire de jalouses. On se rappelait les airs évaporés, les folles toilettes et le ton tranchant de madame Laure, on ne regrettait pas d’en être débarrassée. On était venu là autrefois pour babiller, c’était affaire de mode ; on y vint pour causer, et ce fut affaire de bon ton.
Au bout d’un an, Flochardet et sa fille, ayant vécu très-modestement, mais sans privation sérieuse, se trouvèrent à même de payer leur loyer au docteur. Il reçut l’argent et le plaça au nom de Diane. Par testament, il l’avait constituée propriétaire de toute son acquisition ; mais il se gardait de le dire, autant pour sauvegarder la dignité de Flochardet et pour stimuler le courage de Diane, que pour tenir madame Laure à distance.
Malgré cette attitude prudente, madame Laure revint au gîte quand elle sut que les dettes étaient payées et que les affaires marchaient bien. Elle ne se plaisait guère chez ses parents qui avaient peu de ressources et qui étaient économes. Elle n’y voyait presque pas de monde et ses belles toilettes ne lui servaient guère. Elle revint donc, et Diane se fit un devoir de la bien accueillir. D’abord madame Flochardet s’en montra touchée ; mais bientôt elle voulut s’introduire dans la bonne compagnie qui fréquentait l’atelier de son mari. Sa présence y jeta un grand froid, son caquet n’était plus de saison, on lui sut très-peu de gré d’étaler ses belles robes et ses