pré il y avait une vapeur blanche très-épaisse. Catherine, après avoir regardé partout, cherché en vain dans tous les creux, dans toutes les haies, se rapprocha de la mare, pensant que la pauvre Bichette y était tombée ; elle vit alors une chose qui l’étonna beaucoup, car c’était la première fois de sa vie qu’elle se trouvait là de si grand matin. Le brouillard, qui avait dormi en nappe toute la nuit sur l’eau, s’était déchiré à l’approche du soleil et roulé en petites boules qui essayaient de monter ; quelques-unes avaient l’air de s’accrocher aux branches des saules et d’y être retenues. D’autres, rabattues et secouées par le vent du matin, retombaient sur le sable ou semblaient trembler de froid sur l’herbe humide. Un moment Catherine crut voir un troupeau de moutons blancs ; mais ce n’était pas un tas de moutons qu’elle cherchait, c’était Bichette, et Bichette n’était point là. Catherine pleura encore et mit sa tête sur ses genoux et son tablier sur sa tête, comme une personne désespérée.
Heureusement, quand on est une enfant, on ne peut pas pleurer toujours. Quand elle se releva, elle vit que toutes les petites boules blanches avaient monté au-dessus des arbres et qu’elles s’en allaient dans le ciel, sous la forme de jolis nuages roses qui avaient l’air d’être attirés et emmenés par le soleil, comme s’il eût voulu les boire.
Catherine les regarda longtemps s’émietter et s’effacer, et quand elle abaissa ses regards, elle vit sur la rive, assez loin d’elle, car la mare était grande, sa Bichette immobile, endormie ou morte. Elle y