Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/20

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avait versé la voiture, dont les deux roues étaient absolument brisées. Un des chevaux s’était abattu et avait les genoux blessés. Le postillon était désespéré ; on ne devait que le plaindre ; mais Flochardet ne put se défendre d’une colère inutile. Qu’allait-il devenir à l’entrée de la nuit avec une fillette trop lourde à porter pendant deux lieues de pays, c’est-à-dire pendant trois heures de marche ? Il n’y avait pourtant pas d’autre parti à prendre. Il laissa le postillon se débrouiller tout seul et retourna chercher Diane.

Mais, au lieu de la trouver endormie au pied du grand vase comme il s’y attendait, il la vit venir à sa rencontre, bien éveillée et presque gaie.

— Mon papa, lui dit-elle, j’ai tout entendu, du bord de la terrasse. Le cocher n’a pas de mal, mais les chevaux sont blessés et la voiture est cassée. Nous ne pourrons pas aller plus loin ce soir, et je me tourmentais de ton inquiétude, quand la dame m’a appelée par mon nom. J’ai levé la tête et j’ai vu qu’elle avait le bras étendu vers le château ; c’était pour me dire d’y entrer. Allons-y, je suis sûre qu’elle en sera contente et que nous serons très-bien chez elle.

— De quelle dame parles-tu, mon enfant ? Ce château est désert, et je ne vois ici personne.

— Tu ne vois pas la dame ? C’est qu’il commence à faire nuit ; mais moi je la vois encore très-bien. Tiens ! elle nous montre toujours la porte par où il faut entrer chez elle.

Flochardet regarda ce que Diane lui montrait. C’était une statue grande comme nature, qui repré-