Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/21

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sentait une figure allégorique, l’Hospitalité peut-être, et qui, d’un geste élégant et gracieux, semblait en effet désigner aux arrivants l’entrée du château.

— Ce que tu prends pour une dame est une statue, dit-il à sa fille, et tu as rêvé qu’elle te parlait.

— Non, mon père, je n’ai pas rêvé ; il faut faire comme elle veut.

Flochardet ne voulut pas contrarier l’enfant malade. Il jeta un regard sur la riche façade du château qui, avec sa parure de plantes grimpantes accrochées aux balcons et aux découpures de la pierre sculptée, paraissait magnifique et solide encore.

— Au fait, se dit-il, c’est un abri en attendant mieux, et je trouverai bien un coin où la petite pourra se reposer pendant que j’aviserai.

Il entra avec Diane, qui le tirait résolument par la main, sous un superbe péristyle, et, allant droit devant eux, ils pénétrèrent dans une vaste pièce qui n’était plus, à vrai dire, qu’un parterre de menthes sauvages et de marrubes aux feuilles blanchâtres, entouré de colonnes dont plus d’une gisait par terre. Les autres soutenaient un reste de coupole percée à jour en mille endroits. Cette ruine ne parut pas fort avenante à Flochardet, et il allait revenir sur ses pas, quand le postillon vint le rejoindre.

— Suivez-moi, monsieur, dit-il ; il y a par ici un pavillon encore solide, où vous passerez fort bien la nuit.

— Il faut donc que nous y passions la nuit ? Il n’y a pas moyen de gagner, sinon la ville, du moins quelque ferme ou quelque maison de campagne ?