Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/257

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prendre à nager lui-même, et comme il se fiait à la mer, en un jour il nagea comme une mouette et sans savoir lui-même comment cela lui venait. Il faut croire que l’homme nage naturellement comme tous les animaux, et que c’est la peur seule qui l’en empêche.

Cependant comme les oiseaux nageaient plus longtemps que lui sans se fatiguer et voyaient mieux à travers l’eau de mer, il était loin de prendre autant de poisson qu’eux. Il renonça donc à lutter avec ces habiles plongeurs et il observa d’autres oiseaux qui ne plongeaient pas et fouillaient le sable encore mouillé avec leurs longs becs. Il fouilla aussi avec une petite pelle qu’il se fabriqua, et il trouva des équilles à discrétion ; l’équille est une petite anguille excellente qui abonde sur cette côte, et il en fit cuire pour son souper. S’il avait eu du pain, il se fût trouvé nourri comme un roi ; mais le sien était fini, et il n’osait pas encore se montrer pour en aller acheter à Villers.

Il résolut de s’en passer le plus longtemps qu’il pourrait et se mit en tête de trouver des œufs. C’était le temps des nids ; il ne savait pas que la plupart des oiseaux de mer n’en font pas, qu’ils pondent à nu ou presque à nu sur le sable ou dans les rochers. Il en trouva donc par hasard là où il n’en cherchait pas, mais ils étaient si petits que cela ne comptait guère ; les gros oiseaux qui devaient donner de gros œufs pondaient probablement tout en haut de la falaise, et il ne semblait pas possible à une personne d’aller jusque-là, car, si du côté du désert elle était de moitié moins haute que de celui de la