Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/256

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tant un certain cri, elles avaient l’air de le faire exprès et d’avertir. Il en suivit de l’œil une en particulier et regarda en bas. Alors il vit remuer quelque chose par terre, comme si c’eût été le petit monde qui venait ramasser la nourriture que les mères leur jetaient du haut des airs. Quand il retourna à la grève, il put s’assurer qu’il ne s’était pas trompé ; mais quand il voulut s’approcher des petits pour les prendre, car ils ne volaient pas encore, la mère hirondelle jeta un autre cri qui, au lieu de les appeler sur le sable, les fit fuir vers la terre. Clopinet les chercha sous les herbes où ils s’étaient tapis et se tenaient immobiles. Il les trouva, et ne voulut point les prendre pour ne ne pas faire de chagrin à leur mère, qui en savait probablement le compte.

Tout en regardant comment les oiseaux s’y prenaient pour pêcher, il apprit à pêcher lui-même. Il n’y avait pas que des coquillages sur la rive : il y avait sur les sables, au moment où la marée se retirait, quantité de petits poissons très-jolis et très-appétissants. Il ne s’agissait que de se trouver là pour les prendre avant que le flot qui les poussait ne les eût emportés. Il vit comme les oiseaux pêcheurs étaient adroits et rusés. Il fit comme eux ; mais la marée était brutale, et Clopinet, sans en avoir peur, voyait bien maintenant que les ailes lui manquaient pour sauter par-dessus la vague et qu’il ne suffirait plus de son caprice pour devenir oiseau. Il n’avait eu cette faculté que dans les moments de grand danger ou de grand désespoir et il ne souhaitait point trop de s’y retrouver. Il aimait mieux s’ap-