Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/297

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avait constaté que les sommets dentelés de la grande falaise existaient toujours, il ne croyait qu’à demi à ce que l’on rapportait.

Vêtu d’un fort sarrau de villageois, chaussé de gros souliers et de bonnes guêtres de toile, coiffé d’un bonnet de laine qui ne craignait pas les coups de vent, portant sur son dos un solide sac de voyage qui contenait ses outils, un ou deux volumes de catalogues, sa longue-vue et quelques aliments, il fut vite rendu aux dunes, mais sans pouvoir suivre la plage, qui se trouva obstruée en divers endroits par le glissage des marnes. À mesure qu’il avançait en se tenant à mi-côte, il s’apercevait d’un changement notable dans ces masses crevassées. Là où il y avait eu des plantes, il n’y avait plus que de la boue très-difficile à traverser sans s’y perdre ; là où il y avait eu des parties molles, le terrain s’était durci et couvert de végétation. Clopinet ne se reconnaissait plus. Ses anciens sentiers, tracés par lui et connus de lui seul, avaient disparu. Il lui fallait faire un nouvel apprentissage pour se diriger et de nouveaux calculs pour éviter les fentes et les précipices. Enfin il gagna la grande falaise, qui était bien toujours debout, mais dont les flancs dénudés et coupés à pic ne lui permettaient plus de monter à son ermitage.



IX


Il faillit y renoncer, mais il s’était fait une telle joie de retrouver son nid, qu’il s’y acharna, et qu’à