pas ce qu’il me coûtera, tant pis ! Il y a sept ans que je maudis ce géant ; je mettrai, s’il le faut, sept ans à le châtier et à le chasser !
— Tu es un drôle de garçon, dit le vieux berger. Comme tu te montes la tête, toi ! Je ne hais pas cela, j’y vois que tu aimais ton père, que tu as de la fierté et du courage : nous reparlerons de ton idée. Si je pouvais t’aider,… mais je suis trop pauvre et trop vieux.
— Vous pouvez m’aider : vendez-moi votre masse de fer.
— Je te la prête pour rien. Je n’en ai pas besoin. Elle est lourde, laisse-la dans ta rencluse, où personne n’ira la dérober pendant la nuit. On a trop peur du géant.
— On en a peur ? Voilà ce que je ne savais pas ! On sait donc qu’il se relève la nuit et qu’il marche ?
— On le dit ; moi, je ne le crois point. J’ai servi en Afrique et j’ai fait la guerre, c’est te dire qu’habitué à ne point craindre le canon, je ne m’amuse point avoir peur des pierres.
— Mais je n’en ai pas peur non plus, père Bradat ! Je suis bien sûr que ce géant est un diable, et c’est pour cela que je suis décidé à lui faire la guerre, comme vous l’avez faite aux Bédouins.
— Allons, reprit le vieux berger, c’est comme tu voudras. Il se fait tard, il faut dormir.
Le jour suivant, comme je montais à ma rencluse, j’entendis qu’il m’appelait. — Ne va pas si vite ! me dit-il, je veux aller avec toi. Je marche doucement, mais j’arrive tout de même, et je veux voir ce fa-