Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/378

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un peu seul, il eut la discrétion de me laisser errer à ma guise. Je trouvai de beaux échantillons de plantes, des anémones à fleurs de narcisse, des primevères visqueuses, des saxifrages de diverses espèces rares et charmantes ; mais j’examinai surtout le géant, ce monument qu’il eût fallu dédier à la divinité qui fait d’incontestables miracles pour l’homme, la patience ! J’y fis une récolte de mousses très-précieuse ; j’y contemplai les savants travaux des fourmis et la chasse habile et persévérante de la petite araignée. J’aurais bien souhaité entendre un peu le râle du géant par curiosité ; mais je n’entendis que la voix harmonieuse et fraîche d’une charmante cascade qui tombait tout près de là, et dont l’eau, bien dirigée par les soins de Miquelon, caressait la prairie en chantant un allegro très-gai,

Miquelon me fit faire encore un bon repas et me remit dans mon chemin par d’agréables sentiers. Il ne voulut accepter pour remercîment de son hospitalité que des graines de fleurs sauvages recueillies par moi sur d’autres montagnes. Quand je lui appris qu’un des plaisirs du botaniste était de semer en divers endroits les plantes belles et rares pour en conserver l’espèce, en vue des recherches des autres botanistes, il me parut touché et frappé de cette idée, et se promit de suivre désormais mon exemple dans ses courses. Il avait, comme tous les montagnards en contact avec les amateurs et les touristes, quelques notions d’histoire naturelle. Il voulut me conduire à sa maison de Pierrefitte pour me donner des échantillons de plantes et de minéraux, de belles