Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/68

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— Les mères aiment leurs enfants toujours de même, à tous les âges.

— Alors c’est un malheur pour moi de n’avoir plus ma mère ?

— C’est un malheur qu’il faut réparer vous-même en étant toujours aussi bonne et aussi sage que si elle vous voyait.

— Mais elle ne me voit pas ?

— Ah ! je ne dis pas ça ! Je n’en sais rien, mais je ne peux pas dire qu’elle ne vous voit pas.

C’était répondre comme il convenait à Diane, qui avait de l’imagination et du cœur. Elle embrassa sa nourrice et lui fit mille questions sur sa mère.

— Mon enfant, dit Geoffrette, vous m’en demandez trop. J’ai connu votre maman très-peu de temps. Elle était pour moi ce qu’il y avait de plus beau et de meilleur au monde. Je l’ai beaucoup pleurée et je la pleure encore quand j’y songe. Ne m’en parlez donc pas trop si vous ne voulez pas me faire de la peine.

Elle répondait comme cela pour calmer Diane qu’elle voyait très-agitée. Elle réussit à la distraire, mais, le soir, l’enfant eut encore un peu de fièvre et toute la nuit elle fit des rêves embrouillés et fatigants. Le matin, elle se calma, ouvrit les yeux et vit que le jour commençait à poindre. À travers son rideau bleu, sa chambre paraissait toute bleue et elle n’y distinguait rien. Peu à peu, elle vit plus clairement une personne debout au pied de son lit.

— Pst-ce toi, Nounou ? lui dit-elle ; mais la personne ne répondit rien et Diane entendit Geoffrette