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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

simplement, je n’y étais plus et je ne me sentais plus.

Casimir est fort sensible à vos reproches ; il assure qu’il ne les mérite pas. On lui a dit chez ma tante que vous étiez partie. Il en était si convaincu, qu’il me l’a dit en arrivant ici. Il n’a point été s’en assurer par lui-même ; il regardait cela comme une course inutile, dans la certitude où il était de ne point vous rencontrer. Il était tellement pressé, tellement occupé d’affaires politiques et de commissions dont la ville de la Châtre l’avait chargé pour les Chambres, qu’il regardait, avec raison, son temps comme fort précieux. Forcé de revenir au bout de huit jours, ce n’est pas sans peine qu’il a rempli si vite sa mission. Ce que je ne conçois pas, c’est qu’on l’ait induit en erreur, lorsque, d’après ce que vous me dites, on savait que vous étiez encore à Paris. J’ai des lettres de lui datées de cette époque dans lesquelles il me dit positivement : « Ta mère est partie pour Charleville, c’est pourquoi je n’ai pu la voir. »

Casimir est incapable d’un mensonge et il ne peut avoir de raison pour vous éviter ; ainsi, tout cela est le résultat d’un malentendu. Il était décidé à vous ramener ici avec lui, si vous y eussiez consenti.

Vous avez été près de Caroline. Je suis loin d’en être jalouse. Elle était malade, et je n’ai qu’un regret, c’est que les liens qui me retiennent ici m’aient empêchée de vous y accompagner. Je l’aurais soignée avec zèle ; mais, outre que l’arrivée de deux personnes de plus dans son ménage eût pu la gêner