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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

beaucoup, il ne m’est pas facile de quitter mes petits enfants, encore moins de les faire voyager avec moi. Voici l’âge où Maurice a besoin de leçons suivies et je suis comme enchaînée à la maison. J’ai renoncé aux longues courses ; ce qui me force de négliger celles de mes connaissances qui demeurent à cinq ou six lieues.

Oscar doit être un beau garçon bien avancé. S’il était à moi, avec les dispositions qu’il a pour le dessin, j’en ferais un peintre. C’est l’avenir que je rêve pour le mien. Il annonce aussi du goût pour cet art. C’est, à mon gré, le plus beau de tous, celui qui peut occuper le plus agréablement la vie, soit qu’il devienne un état, soit qu’il serve seulement à l’amusement. Il me fait passer tant d’heures de plaisir et de bonheur que je passerais peut-être à m’ennuyer ! Si j’avais un talent véritable, je sens qu’il n’y aurait pas de sort plus beau que le mien et j’oublierais bien au fond de mon cabinet les intrigues et les ambitions qui font les révolutions.

Que dites-vous de celle-ci ? Je suis loin de la croire finie, et j’ai peur même que tout ce qu’on a fait ne serve à rien. Mais vous en avez par-dessus la tête, vous qui avez vu tout cela. Je ne veux pas vous en parler.

Vous me rendez heureuse en m’apprenant que vous êtes plus forte que vous ne disiez. Je le pensais bien. Vous vous exagériez votre faiblesse. Je crois que je tiens de vous sous le rapport de la santé ; je suis sujette à de fréquentes indispositions, à des souf-