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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

blanc. Je ne mets pas mes coudes sur mes genoux, je ne me couche pas sur les chaises ; enfin je suis gentille tout à fait, vous ne m’avez jamais vue comme ça.

Il a écouté patiemment la lecture de mes œuvres légères. — Le Gaulois[1] n’avait pas eu la force de les porter. Il aurait fallu deux mulets pour les traîner jusque-là. — Il m’a dit que c’était charmant, mais que cela n’avait pas le sens commun. À quoi j’ai répondu : « C’est juste. » Qu’il fallait tout refaire. À quoi j’ai dit : « Ça se peut. » Que je ferais bien de recommencer. À quoi j’ai ajouté : « Suffit. »

Quant à la Revue de Paris, elle a été tout à fait charmante. Nous lui avons porté un article incroyable ; Jules l’a signé, et, entre nous soit dit, il en a fait les trois quarts ; car j’avais la fièvre. D’ailleurs, je ne possède pas, comme lui, le genre sublime de la Revue de Paris. Il a promis solennellement de le faire insérer et il l’a trouvé bien.

J’en suis charmée pour Jules. Cela nous prouve qu’il peut réussir. J’ai résolu de l’associer à mes travaux, ou de m’associer aux siens, comme vous voudrez. Tant y a qu’il me prête son nom, car je ne veux pas paraître, et je lui prêterai mon aide quand il en aura besoin. Gardez-nous le secret sur cette association littéraire. (Vraiment ! j’ai un choix d’expressions délicieux !) On m’habille si cruellement à la Châtre (vous n’êtes pas sans le savoir),

  1. Surnom de M. Alphonse Fleury, de la Châtre.